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Meeting du 1er Octobre 2005 - Mutualité - Paris : Intervention de Claude Champon, vice-président de l'Union des Athées sommaire

(Je voudrais excuser l’absence de notre Président, J.Robyn, empêché d’être parmi nous.)

POUR LE CENTENAIRE DE LA LOI FRANCAISE DE LA SEPARATION DE 1905

Les lois sont des faits de discours qui expriment une obligation civilisée. De nos jours la forme LOI est oppressante, serinée par les sciences humaines et la psychanalyse jusqu’à l’horizon politique, jugé indépassable, des «  droits de l’homme » substitués à ceux de « Dieu ». Les lois divines auraient fait place à des lois humaines, les mêmes en fait !

Par contraste, dans la pratique nihiliste de notre époque, nous vivons une intense déréglementation où les lois, leur contrôle législatif, leur constitutionnalité, leur non rétroactivité sont battus en brèche dans le flottement général imposé par tous les lobbies et groupes de pression. C’est le monde « lib-lib » des diverses clientèles. La force dite « injuste » de la loi (selon quelqu’un qui en était le garant officiel) est à coup sûr dissoute dans la jungle du libéralisme déchaîné ; coincée qu’elle est entre le mépris affiché par les puissants et l’incivilité de tous ceux qui veulent s’en affranchir, pour peu qu’elle les gêne.

Bref rappel de la loi de 1905 (relevant du « droit positif »), qui pose problème par un double départ (comme dans la « bible » le double récit de la création !). On notera les verbes utilisés.

  1. « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes ( sous les conditions de respect de l’ordre public). »

  1. « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. »

En fait c’est à partir de l’article 2 que l’on commence à comprendre de quoi il s’agit.

Nos ancêtres avaient-ils tendance à bégayer ? Qu’on ne s’y trompe pas, le double départ de la loi a tout son sens : il s’agit d’abord de « positiver » une loi qui est et qui reste négative. Et n’y voyez rien de péjoratif, au contraire, c’est ce qui fait toute la force d’un frêle rempart de mots.

Les lois républicaines doivent organiser la seule LIBERTE . L’Article Premier était inévitable et ne signifie pas que la République « garantit » ou « assure » … les cultes !

Interprétation récente par un évêque en première page du « Monde » (1) et glissement souvent opéré par des ministres de l’Intérieur et pas seulement le dernier en poste. L’Article Deux défère au symbolique («  ne reconnaît ») mais surtout frappe droit au porte-monnaie.

La loi dit le droit. Elle ne doit pas seulement servir LES DROITS-CREANCE des uns ou des autres. Les démocraties, à Athènes, à Rome, des municipalités au Moyen-Age, des Révolutions modernes y ont superposé l’idée et la pratique DES DROITS-LIBERTE, c’est-à-dire du DEVOIR que le corps social s’impose par un juste souci de soi. Des matérialistes athées du monde entier, algériens, étatsuniens, pakistanais, ont besoin de la loi française de 1905. Mais ils espèrent des lois vraiment positives et plus conquérantes qui proclameraient le DROIT au doute et à l’incroyance, ce qui est la moindre des choses (2), ainsi que l’assurance et la garantie de ce que le philosophe Marcel Conche a nommé «  le DEVOIR d’incroyance ».

  1. L’éminence aura sans doute « oublié » le dépit hargneux catholique exprimé dans la bulle de PIE X « Vehementer nos » du 11 février 1906, qui avait au moins le mérite de la franchise.

  1. Mais qui n’est pas mentionné expressément dans la loi de 1905.

Claude Champon Vice-Président de l’Union des Athées 1er octobre 2005