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Manifestation du 10 décembre 2005 - Intervention de Babu Gogineni

Chers camarades,

Aujourd'hui, c'est le 10 décembre. C'est le jour où a été proclamée la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, il y a 57 ans. Le premier des Droits de l'Homme, c'est la liberté de conscience - la pensée, l'esprit critique, les émotions et la créativité artistique et scientifique - c'est ce qui nous définit comme des êtres humains. Le pouvoir et la capacité de juger par nous-même et de distinguer le bon du mauvais et de mener des actions en harmonie avec ces conclusions - c'est cela qui nous donne une conscience, et c'est ce qui distingue les Hommes des autres formes de vie - c'est ce qui nous donne note dignité humaine.

Aujourd'hui nous fêtons et nous commémorons une des lois phares du monde. Une loi qui a été formulée il y a cent ans pour garantir la liberté de conscience, une liberté indispensable. Nous nous réunissons aujourd'hui aussi pour rendre hommage aux contributions d'Aristide Briand et d'Emile Combes à une loi qui définit la république française elle-même. Certes, cette loi a été un acquis pour la Libre Pensée française, mais il faut reconnaître que ce qui a été accepté en 1905 est plus qu'une loi. C'est la promulgation sous forme de loi d'un concept important. Un concept qui n'admet pas qu'on puisse faire de distinction ou de discrimination entre les citoyens sur la base de leur religion ; un principe qui n'admet pas de privilège, ni pour les adeptes d'une religion, ni pour le clergé, ni pour les non-croyants.

La laïcité, c'est un dispositif qui confine la religion dans le domaine strictement privé. C'est un dispositif qui assure la séparation des affaires religieuses et des affaires politiques. C'est ce qui assure la neutralité de l'Etat à l'égard de toutes les sections de la société, quelle que soit leur appartenance religieuse ou non religieuse. C'est un dispositif qui garantit les Droits de l'Homme pour tous. Mais quand on réclame la séparation stricte de l'Eglise et de l'Etat, de la mosquée et de l'Etat (ce qui semble être d'actualité en France ! ) du Temple et de l'Etat, quand on demande un Etat neutre, pourquoi nous caractérisent-ils comme des antireligieux ?

Sommes-nous antireligieux ? Non. Mais nous nous réservons le droit - et nous avons même l'obligation - d'être antireligieux lorsque les religions sont anti-humaines.

Nous sommes antireligieux :

Seulement lorsque les religions veulent garder leurs privilèges injustes.

Seulement quand elles veulent subvertir les principes de la démocratie.

Seulement quand au nom de la liberté de religion, elles nous imposent leurs théories fantastiques sur l'origine de notre univers et sur l'évolution de l'Homme.

Seulement quand les doctrines religieuses essayent d'influencer nos leçons de science et notre politique sociale.

Mais peut-être doit-on dire que ce n'est pas de l'anti-religion, que c'est la lutte pour la démocratie, pour les valeurs humaines et les autres acquis de la civilisation. Parce que c'est à nous, les citoyens de les sauvegarder et de les défendre.

Malheureusement, aujourd'hui en France, il y a des hommes politiques qui se sont prononcés publiquement en faveur d'une révision de cette loi. Ils ont osé proposer la révision de cette loi pour satisfaire les demandes des minorités.

Il y en a d'autres qui disent que c'est une loi dépassée.

Oui, c'est une loi dépassée si la démocratie est un concept dépassé.

Oui, c'est une loi dépassée si la liberté est un concept dépassé.

Oui, c'est une loi dépassée si vous admirez des pays modernes comme l'Afghanistan, l'Iran et l'Arabie Saoudite.

Je pose une question à ceux qui admirent tant l'alliance entre les religions et l'Etat. "Si vous admirez tant ces pays, pourquoi n'émigrez-vous pas vers ces paradis ? De toutes façons, c'est à ces pays que vous appartenez , vous les citoyens du passé !"

En France et aux Etats Unis, en Angleterre et au Canada, en Inde et au Nigeria, les atteintes que subissent les principes qui nous sont chers sont les mêmes. Et il nous faut reconnaître que l'intégrisme religieux s'est internationalisé. Il faut reconnaître que la politisation de la religion n'est plus un phénomène régional. C'est donc à nous de constituer, de construire une résistance à l'échelle mondiale.

Je suis devant vous aujourd'hui pour parler au nom de l'Union Internationale Humaniste et Laïque a son siège à Londres et qui a plus d'une centaine d'organisation membres dans une quarantaine de pays. Notre fédération regroupe des organisations humanistes, athées, laïques et rationalistes et nous sommes fiers - très fiers - que la Libre Pensée française soit membre à parte entière de notre fédération.

Chers amis, les dangers qui se profilent à l'horizon pour la laïcité sont effrayants; Et ces dangers exigent une réponse vigoureuse, comme nous l'avons montré aujourd'hui. C'est notre succès. C'est aussi notre devoir. Je vous remercie tous de votre participation à notre lutte commune. Je sais qu'ensemble nous saurons nous montrer à la hauteur de cette tâche.

Je vous remercie;

Babu Gogineni.