Ce fut un bel anniversaire. Les manifestants étaient
des milliers, bien plus nombreux que les
bougies du gâteau.
Les 100 ans de la loi de 1905 ont été fêtés
dignement entre la place de la République et Richelieu-Drouot.
Ce sont plus de 12 000 manifestants qui ont déferlé pendant
plus de deux heures sur les boulevards parisiens.
Sans aucun concours des médias, sans financement public
comme pour les rassemblements religieux, sans appui des « grands
partis officiels », sans l'aide du gouvernement et de
ses ministres, la force laïque s'est rassemblée en
un bel après-midi de décembre.
Du Grand Orient de France à la Libre Pensée
Ouvert par les 50 premiers signataires
de l'Appel aux laïques
qui avaient pris l'initiative de la manifestation laïque,
le cortège conduit par Marc Blondel voyait ensuite manifester
2 000 francs-maçons et francs-maçonnes, essentiellement
du Grand Orient de France à la couleur française
des cordons si facilement reconnaissable.
Les associations comme l'Union des Athées, le Comité-Laïcité-République,
le Mouvement Europe et Laïcité (CAEDEL), l'Union rationaliste,
l'Association du Chevalier de la Barre d'Abbeville et celle de
Paris, Laicité-Liberté, les espérantistes
et bien d'autres suivaient ensuite.
Puis, ce fut le cortège international derrière la
banderole de l'Union Internationale Humaniste et Laïque (IHEU).
Coude à coude, les luxembourgeois, les belges, les italiens,
les anglais, les espagnols, les portugais reprenaient le mot d'ordre : « De
Moscou à Lisbonne, de Londres à Washington :
séparation des Eglises et de l'Etat ». Des messages
de soutien des USA, d'Irlande, d'Argentine, de Tchéquie
et de Nouvelle-Zélande sont arrivés dans les heures
précédentes la manifestation.
Citons celui des Humanistes et Rationalises d'Auckland en Nouvelle-Zélande : « Il
ne pourrait y avoir de meilleur endroit que la Place de la République
pour faire une telle manifestation, car c'est dans les idéaux
de la République française qu'est né le principe
de la séparation des Eglises et de l'Etat. Nous souhaitons
plein succès à votre combat pour défendre
la loi de 1905 ».
La Libre Pensée défilait ensuite dans l'ordre minéralogique
des ces fédérations départementales. De l'Ain
au Val d'Oise, tous les départements étaient représentés.
Ils étaient 120 du Nord/Pas-de-Calais et 150 des Bouches-du-Rhône.
Des cortèges départementaux bien fournis, une marée
de drapeaux rouges, noirs, noirs et rouges, une multitude de bannières
dont certaines avaient une centaine d'année, des banderoles à foison,
la Libre Pensée était bien vivante.
3 000 libres penseurs de province, 2 000 de la Région
parisienne formaient le cortège de loin le plus important.
Les 5 000 libres penseurs exigeaient l'abrogation des lois
antilaiques, que les fonds publics n'aillent qu'à la seule
Ecole publique, la défense de la loi de 1905 et l'abrogation
du statut clérical d'Alsace Moselle. Comme on dit sur les
boulevards de Paname, « cela avait de la gueule ».
Meeting laïque
A la fin de la manifestation, Marc Blondel, syndicaliste et libre
penseur, prenait la parole pour dire : « C'est
la laïcité qui est la garantie de l'Egalité entre
citoyens, c'est la contestation de tous les privilèges dus à la
religion, à la naissance. C'est la laïcité qui
construit la Fraternité nécessaire à la mise
en place de la solidarité. C'est la laïcité enfin
qui libère l'individu de toute soumission devenant ainsi
facteur de la Liberté ».
Jean-Michel Quillardet, Grand Maître du Grand Orient de
France rappelait l'engagement de toujours des francs-maçons
pour la République et la laïcité. S'adressant
au gouvernement, il indiquait clairement que le GODF voulait l'application
de la loi de 1905, toute la loi, rien que la loi, mais pas moins
que la loi de séparation.
Babu Gogineni, directeur exécutif de l'IHEU proclamait
que la laïcité n'est pas une exception française,
mais qu'elle appartenait au patrimoine universel de l'Humanité.
Il n'y a pas de démocratie sans laïcité et sans
séparation des Eglises et de l'Etat. Et cela est valable
sur tous les continents et dans tous les pays.
La Libre Pensée au c�ur du combat laïque
Christian Eyschen, secrétaire général de
la Libre Pensée terminait ce meeting par le discours suivant : « Il
faudra bien que les gouvernements et les ministres comprennent
enfin cette chose si évidente : la laïcité vit
dans la conscience des millions de citoyens de ce pays ! Y
toucher, c'est remettre en cause la démocratie et la République.
C'est à Paris, où a été décidée
par trois fois la séparation des Eglises et de l'Etat que
nous avons manifesté aujourd'hui. C'est à Paris,
en 1795 sous la Convention, en 1871 sous la Commune et en 1905
sous la République, que nos aînés ont brisé l'alliance
du trône et de l'autel, du politique et du religieux.
Ce sont les nôtres, les Emiles Combes, Ferdinand Buisson,
Aristide Briand, Jean Jaurès, Frédéric Desmons
, Georges Clemenceau, tous libres penseurs d'hier, et qui ont fait �uvre
de démocratie en instituant la pleine et entière
liberté de conscience. Ce sont les nôtres, les libres
penseurs d'aujourd'hui, à l'instar de leurs glorieux aînés,
qui ont �uvré inlassablement, depuis quatorze mois, à faire
de cette manifestation d'aujourd'hui cette démonstration
d'action laïque.
Nous pouvons le dire avec fierté : aujourd'hui, une
nouvelle fois, nous avons, ensemble, réuni ce qui était épars
pour en faire une force indissoluble pour la République,
la Démocratie, la Liberté, l'Egalité, la Fraternité et
la Laïcité !...
Alors, en leur nom, en tant que secrétaire général
de la Libre Pensée, dépositaire d'un mandat qui a
plus de 150 ans et qui a été donné par des
générations entières de libres penseurs, je
veux remercier tous les laïques, les syndicalistes, les militants
ouvriers, les républicains authentiques, les Francs-maçons
qui ont su faire, ensemble, cette démonstration laïque�
Nous avons fait �uvre commune ensemble pour faire rentrer le centième
anniversaire de la loi de 1905 dans l'histoire. Aujourd'hui, ensemble,
nous avons écrit une page de l'histoire qui fera date.
Mais cette bataille laïque n'est pas la dernière.
La laïcité est toujours menacée dans notre pays.
Elle est menacée par des gouvernements qui la bafouent,
par des ministres qui veulent la détruire, par des Eglises
qui pillent les fonds publics.
Des milliards de fonds publics sont ainsi volés à l'Ecole
de la République pour financer l'école privée
essentiellement catholique. Il y a toujours des ministres, hier
Jack Lang, aujourd'hui Gilles de Robien qui se font délivrer
des indulgences papales et électorales avec l'argent public
des citoyens de ce pays.
Il est un ministre, le sinistre de l'Intérieur qui vient
de nommer une commission pour « toiletter » la
loi de 1905 et pour l'adapter aux exigences cléricales de
l'Union européenne. Cette commission doit rendre son rapport
dans six mois avec des propositions pour démanteler encore
plus la laïcité institutionnelle dans notre pays. S'appuyant
sur les remises en cause antilaiques décidées par
le Régime de Vichy et jamais abrogées ensuite, le
président de cette commission entend poursuivre le processus
de destruction de la loi de 1905.
Nous ne les laisserons pas faire. Ils ne passeront pas, ils ne
passeront plus. Nous allons poursuivre la mobilisation laïque
pour défendre la laïcité. Et puisque 2006 sera
le centième anniversaire des inventaires décidés
par la loi de 1905, l'inventaire nous allons le faire.
Avec tous ceux qui veulent continuer notre action commune, nous
proposons de faire une gigantesque commission d'enquête sur
les violations de la laïcité. Dans les communes, les
départements, les régions, les administrations ;
dressons ensemble l'inventaire des fonds publics détournés
pour les religions et leurs �uvres.
Monsieur Sarkozy nous a donné rendez-vous dans six mois.
A notre tour, nous lui donnons rendez-vous. Au moins de juin, les
inventaires laïques convergeront vers les Etats généraux
de la laïcité où nous informerons l'opinion
publique de ce pays de l'état réel de la situation,
des viols de la démocratie, des atteintes à la laïcité et
des fonds détournés.
Et ensemble, nous déciderons de l'action commune à mener
pour défendre, restaurer et promouvoir la laïcité de
l'Ecole publique et de l'Etat. Alors ensemble, tous ensemble, nous
allons continuer à nous battre. Et on n'a pas fini d'entendre
dans ce pays, le vieux mot d'ordre des libres penseurs, combattants
pour l'émancipation de l'Humanité :
Ni dieu, ni maître !
A bas la Calotte ! Et vive
la Sociale !
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