Colloque international franco-américain

le colloque international Thomas Jefferson : un gage pour l'avenir

la prestigieuse Sorbonne accueillait dans son amphithéâtre Descartes, ce dernier week-end de septembre, sous le patronage de l'international humaniste et laïque (IHEU), le colloque international « 1802-2002 : l'héritage universel de Tomas Jefferson : actualité de la séparation des Eglises de l'Etat ».

Plus de deux années et demi de travail, de collaborations diverses mais indispensables, ont été nécessaires pour réaliser ce qui n'était encore qu'une « idée », lors de la tournée de la fédération nationale de la libre pensée aux États-Unis, en février 2000.
De longs, et parfois pénibles efforts internationaux ont abouti à un amphithéâtre plein et à une prestigieuse tribune, placée sous la présidence de notre ami Babu Gogineni, directeur exécutif de l'IHEU, et la direction scientifique du professeur Olivier Frayssé, notre hôte en ces lieux.
Il serait vain de vouloir résumer, même brièvement, deux séances de communication érudites mais simples, et des débats, animés avec la grande courtoisie et le fin humour du président Gogineni.
Les actes de ce colloque international sortiront courant 2003 et apporteront leur pierre à l'aspiration universelle à la totale liberté de conscience par la stricte séparation des Eglises de l'Etat. Il n'en demeure pas moins que l'originalité du colloque international Tomas Jefferson, outre la richesse de provenance géographique et philosophique des communicants, résidait également dans l’harmonieuse combinaison de journées universitaires et d’un grand rendez-vous laïque et libre penseur. Il fallait ouvrir les travaux, ce fut donc chose faite par la complémentarité de la présidence et le rappel que « la laïcité n'existe pas pour elle seule, mais quelle est un acquis des Lumières et de la Révolution Française.»
Cette complémentarité s'incarnait encore dès la première communication : universitaires et historiens, le professeur Robert S. Alley, de l'université de Virginie, est également partisan convaincu de la séparation des Eglises de l'Etat et un spécialiste reconnu du président James Madison.
C'est également le cas du professeur Gérard Hugues, de l'université de Provence, consacrant sa contribution au quatrième président des États-Unis : « James Madison : une vision laïque du fait religieux », affirmant non sans raison que «James Madison serait certainement aujourd'hui membre d'Americans United for the Separation of Church and State pour lutter contre la politique de « compassion » de Georges W. Bush ».
 
 

Le professeur Annick Lechenet, de l'université de Nancy 2, rappelait quant à elle que l’œuvre de Tomas Jefferson avait pour coeur « la confiance en la raison de l'Homme. »
 
 
 

Jacques Lafouge, Ancien Grand Maître du Grand Orient de France, n'avait pas la tâche aisée, car il devait pleinement restituer la dimension latino-américaine dans un colloque apparemment plus septentrional.
Retraçant l'épopée difficile du continent, la place des libertadores, écornant au passage quelques idées convenues, il conclut : «la séparation de l'Eglise de l'Etat et la laïcité n'ont jamais eu droit de citer en Amérique latine. Les quelques démocrates et tyranneaux qui ont voulu les mettre en application où les chauds et mal finis.
Et pourtant la séparation de l'Eglise de l'Etat et la laïcité à la française, malgré les restrictions qu'elles subissent actuellement ici, jouissent d'une popularité certaine. Un nombre non négligeable tome de progrès voit bien que la vraie libération de l'Amérique latine passe par là, que le progrès humain ne peut se concevoir que dans la liberté et la liberté absolue de conscience. Il nous faut y aider, si nous n’aspirons pas au repos. »
Après une pause salutaire, et une fréquentation assidue d'une excellente librairie internationale dressée dans le hall, les travaux reprenaient. Le professeur Olivier Frayssé, auteur d’un remarquable « Lincoln, la Terre de Travail », était tout désigné pour définir la conception Lincolnienne « de la séparation de la sphère publique de la sphère privée dans la vie politique américaine.»
 

Isabelle Richet qui vient de faire paraître « la religion aux États-Unis » dans la collection « Que sais-je ? », et qui enseigne à Paris X Nanterre, revenait sur le caractère séculier de la constitution américaine, notamment codifié dans le premier amendement.
Avec Robert Boston venus de Washington DC, et auteur d'une brillante communication, la parole était donnée à une organisation qui, depuis cinquante années, combat d'arrache-pied pour défendre faire respecter la fameuse métaphore jeffersonienne du « mur de séparation entre les églises états » : Americans Unitedfor the Separation of Church and State et sa précieuse revue mensuelle « Church & State », déjà connu des lecteurs de la Raison.
 

Notre camarade Fred Whitehead est un symbole.
Victime de la croisade des bigots, licencié de l’université du Kansaspour ses opinions laïques et anticléricales, libre penseur, il se rattache la tradition ouvrière et socialiste des « Freethinkers » du XIXe siècle aux USA, qu’il fit magnifiquement revivre, diapositives à l’appui.
La matinée dominicale allait être marquée d'une universalité de tous les instants : nos amis canadiens Henri Laberge, du mouvement laïque québécois, Réjane et Richard Thain, de Humanist Association of Canada avaient pour charge de présenter la situation d'un pays divers, longtemps placé sous la double férule de la couronne d'Angleterre et de la sainte Eglise catholique romaine, pour sa partie francophone. Ils le firent avec humour et précision et confirmèrent les craquements en cours dans l'édifice canadien.
 
 

Ulrike Tietze, militante de l’association allemande Bund Gegen Anfassung ; présentait le caractère encore grandement confessionnel de l'État allemand.
 

Cherif Ferjani , professeur à l'université Louis Lumière de Lyon, traça avec faconde «les différences et continuités des conceptions américaines et françaises des relations entre la politique et le religieux ».
 
 
 

Notre Amie Bobbie Kirkhart, était venue de Los Angeles, à la tête d’une délégation de responsables de son organisation Atheist Alliance, secondé dans cet tâche par notre camarade Auguste Berkshire, qui avait honoré de sa présence le colloque et le Congrès national de la libre pensée à Avignon en juillet 2000.
Co-présidente de Atheist Alliance, membre fondateur du comité international de liaison des athées des libres penseurs, Bobbie rappelait « la place des athées aux USA ».
 

Christian Eyschen, au nom de la fédération nationale de la Libre Pensée, donnait la pleine signification internationale des enjeux liés à la Séparation des Eglises de l'Etat [lire le discours].
Les deux coprésidents de séance présentaient les conclusions du colloque.
 

D'après un article de Philippe Besson paru dans la Raison nº 475.

 
 
 

retour au sommaire general retour au sommaire