Devant 400 laïques,
libres penseurs et syndicalistes, sont intervenus à la tribune
le 8 décembre 2001:
- Joaquim Salamero, Président
de la Fédération Nationale de la Libre Pensée.
- Babu Gogineni, Secrétaire général de l'Union
Internationale Humaniste et Laïque (IHEU).
- Un message de Vera Pegna, secrétaire générale
adjointe de l'Union des Athées et Agnostiques Rationalistes
d'Italie.
- Henri Péna-Ruiz, professeur de philosophie.
- Un message d'August Berkshire de l'Alliance Athée Internationale
( USA).
- Georges Hoffmann, Président de Laïcité-67.
- Un message de Georges Liénard, Secrétaire général
de la Fédération Humaniste Européenne.
- Juan Francisco Gonzàles Baron d'Europa Laïca (Espagne)
- Message de Roy Brown, Vice-président de l'IHEU.
- Un représentant de la Ligue de l'Enseignement du Luxembourg.
- Etienne Pion, Président du CAEDEL (Europe et Laïcité).
- Un représentant de Libre Pensée de Suisse.
- Jean-Marc Bouchet, représentant la FNECFP- Force Ouvrière.
- Bernard Mirgain, Président de la Libre Pensée des
Vosges.
- José Arias, Président de la Libre Pensée
de Moselle.
- Alain Visseq, représentant les libres penseurs de l'Hérault.
- Jean Dubessy, Président de la Libre Pensée de Meurthe
et Moselle.
- Jean-Michel Clerc, laïque alsacien.
- Henri Haar, Président de la Libre Pensée du Bas-Rhin.
- Michel Barbe, Libre Pensée des Bouches du Rhône.
- M. Striker (alsacien).
- Lucienne Girard (membre de la CAN de LP et de la Fédération
des Vosges).
- Babu Gogineni, Secrétaire général de l'IHEU.
- Christian Eyschen, Secrétaire général de
la Fédération Nationale de la Libre Pensée.
- Joaquim Salamero, Président de la Fédération
Nationale de la Libre Pensée.
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Les Dernières Nouvelles d'Alsace rendent compte du
colloque
Pour une Alsace-Moselle " vraiment laïcisée "
Le colloque organisé à Strasbourg contre le concordat
et le statut scolaire local a décidé d'interpeller
les candidats aux présidentielles sur ce thème, au
nom de " la laïcité de l'École et de l'État
".
" Monsieur - ou Monseigneur - Doré, je vous propose
un débat public sur le concordat : êtes-vous prêt
à renoncer au financement public du culte et des cours de
religion ? " Cette invitation a été lancée
par le philosophe Henri Pena-Ruiz au cours du colloque contre le
concordat de 1801 réuni hier après-midi à Strasbourg.
Au nom de " l'idéal laïc ", l'orateur a plaidé
pour que la religion demeure " une démarche spirituelle
" dans " la sphère privée ". "
Si elle revendique des privilèges financiers ou culturels,
elle devient politique ". Ce qui, dit-il, est le cas quand
" trois départements sont soumis à un régime
dérogatoire en contradiction avec le caractère indivisible
de la République ".
Cette démonstration a été très applaudie
au cours de cette rencontre à laquelle ont participé
entre 3 et 400 personnes, venues d'Alsace-Moselle, mais aussi d'autres
départements français, à l'appel de la Libre
Pensée, de l'association Laïcité 67, et de certains
syndicats de l'enseignement et de la culture Force ouvrière
et CGT. A l'unanimité (moins une voix), la salle a voté
le principe d'une " lettre ouverte " aux futurs candidats
à l'élection présidentielle : elle leur demande
de se prononcer " sur l'abrogation ou le maintien du statut
d'exception clérical d'Alsace-Moselle ".
Il ne s'agit pas d'attaquer tout le droit local, a précisé
Georges Hoffmann (Laïcité 67) : " Le régime
local de Sécurité sociale, le repos du dimanche, les
jours fériés supplémentaires, ont été
gagnés par la lutte des travailleurs allemands ".
Une Europe cléricale
?
Au delà du droit local des cultes, qui les indignent, les
intervenants ont une autre inquiétude : l'Union européenne
leur semble aller à contre-courant de leur conception de
la laïcité. Quatorze pays sur quinze ont un régime
de cultes reconnus, a déploré Christian Eyschen, secrétaire
général de la Libre Pensée. Tandis qu'Étienne
Pion (Europe & Laïcité) a estimé que "
les forces confessionnelles veulent délaïciser, cléricaliser,
pour certaines islamiser l'Europe ! "
Les organisateurs ont vertement répondu au président
de l'université Robert-Schuman, Christian Mestre. Celui-ci
avait précisé que l'université " ne cautionnait
en aucune manière une manifestation aussi éloignée
de l'éthique universitaire " (DNA du 6 décembre).
" J'ai lu son communiqué deux fois pour être sûr
que ce n'était pas celui de l'archevêché ! ",
s'est exclamé Babu Gogineni, secrétaire général
de l'International Humanist and Ethical Union. " J'ai été
surpris de l'intolérance de cette université française
".
Le président Mestre avait cependant maintenu la location
de la salle transférant simplement la rencontre dans un amphithéâtre
extérieur. Philippe Simler, ancien doyen de la faculté
de droit, a estimé pour sa part, lors du conseil d'université
jeudi, qu'il était " insupportable que l'université
ait accordé une tribune " à ce " pseudo-colloque
".
Jacques Fortier
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Lettre ouverte aux candidats à l'élection
présidentielle
Mademoiselle,
Madame,
Monsieur le candidat,
Vous êtes ou allez
peut-être être candidat(e)s aux prochaines élections
présidentielles de 2002. C'est pourquoi, nous nous permettons,
conformément à la tradition républicaine, de
nous adresser à vous qui sollicitez le suffrage des électeurs
sur une question qui nous semble très importante.
Nous sommes 400 libres
penseurs, laïques, démocrates, syndicalistes, militants,
républicains réunis en colloque national à
Strasbourg le 8 décembre 2001 pour l'abrogation du statut
clérical d'exception d'Alsace Moselle avec la Fédération
Nationale de la Libre Pensée, le Comité-Laïcité-République,
la FNECFP-FO, la revue Réflexions avec des laïques venus
de différents pays.
Partisans de l'absolue
liberté de conscience, garantie par la loi de séparation
des Eglises et de l'Etat du 9 décembre 1905, nous considérons
que le statut clérical d'exception et le régime d'exception
scolaire d'Alsace Moselle sont des violations de la laïcité
républicaine.
Le statut clérical
est antidémocratique
Celui-ci est constitué
principalement de trois sources juridiques : le concordat de 1801
et ses articles organiques de 1802, de la loi Falloux du 15 mars
1850 et des lois allemandes du temps de l'annexion (1870-1918).
Rappelons que le concordat
a été abrogé par une écrasante majorité
parlementaire, appuyée par l'immensité de l'opinion
publique en 1905, que la loi Falloux (mère de toutes les
lois antilaïques) a été repoussée par
la quasi-unanimité des députés de cette région
lors de sa promulgation en 1850, que l'Allemagne à l'époque
de l'annexion était un Empire et la France une République.
Le statut clérical
d'exception d'Alsace Moselle n'a donc aucune légitimité
démocratique.
Ce statut d'exception
est antilaïque
Il est fondé sur
le communautarisme religieux, imposant par exemple qu'au sein de
l'Ecole publique les élèves soient différenciés
selon des critères confessionnels ou encore qu'il y ait des
cimetières différents selon la religion des défunts.
La construction et l'entretien des cimetières religieux sont
à la charge des communes, sauf pour le culte israélite.
L'entretien, la réfection et le maintien des bâtiments
religieux sont à la charge des communes et de l'Etat. Les
maires ne peuvent participer au conseil de fabrique que s'ils sont
de la religion concernée par celui-ci.
Les prêtres, évêques,
vicaires, pasteurs et rabbins sont rétribués par l'Etat
comme des agents publics du culte. L'Archevêque de Strasbourg
perçoit un traitement à l'indice 925 de la grille
de la Fonction publique (30.000 F par mois !).
Conformément à
l'article 23 de loi Falloux, ce statut d'exception impose que les
cours de religion dans l'Ecole publique ne soient dispensés
que par des enseignants partageant la confession qu'ils enseignent,
en contradiction avec les principes de recrutement de la Fonction
publique ouverte à tous au seul regard de leurs mérites..
Et pour les élèves confiés à l'Ecole
publique, la règle est l'enseignement de la religion, l'exception
est la dispense demandée par les parents.
Alors que la fréquentation
des cours de religion ne cesse de diminuer pour atteindre moins
de 10% dans le secondaire, que le nombre de prêtres s'effondre
( 1811 en 1988 et 1064 en 2001), la dotation horaire globale (DHG)
pour les cours de religion est la seule matière en France
à ne jamais subir de fluctuation à la baisse, alors
que les différents gouvernements ont supprimé des
milliers d'heures de cours et de postes pour toutes les autres disciplines
d'enseignement.
La seule matière
scolaire dans ce pays qui ne souffre pas de l'austérité
et des critères de convergences des traités européens,
c'est l'enseignement des religions en Alsace Moselle !
Le Ministre Claude Allégre
a même crée cette monstruosité juridique que
sont les CAPES (concours national ouvrant droit à mutation
sur l'ensemble du territoire) de religion qui préfigurent
l'enseignement des religions dans l'ensemble des écoles publiques
du pays. Présentés comme "exceptionnels",
ces concours sont désormais pérennisés par
Jack Lang.
La France est aujourd'hui
le seul pays au monde à encore désigner des Evêques
à Metz et un Archevêque depuis 1996 à Strasbourg
!
Ce statut pille
les fonds publics
Alors que l'on nous explique
que les retraites sont un problème et qu'il faudra que les
salariés cotisent toujours d'avantage et toujours plus longtemps,
les personnels cultuels pourront toucher, sous certaines conditions,
la totalité de leur pension s'ils ont exercé pendant
au moins dix ans.
Les salaires des religieux,
payés sur les fonds publics, représentaient 192 738
778 F en 1992, ils sont de 209 471 762 F en 2001; les cotisations
sociales (payées par l'Etat pour eux) se montaient à
569 289 F en 1992, elles sont de 19 988 273 F en 2001; les frais
d'entretien et d'administration des cultes représentaient
162 106 F en 1992, ils sont de 5 995 384 F en 2001. (Source : Avis
parlementaire sur la loi de finances 2002 de M. René Dosière,
député socialiste). Le moins que l'on puisse dire
est que le financement public des religions ne souffre pas de "modération
salariale et budgétaire".
C'est un véritable
pillage des fonds publics pour maintenir contre vents et marées
le cléricalisme institutionnel dans notre pays !
Au nom de l'Europe
des régions, cette exception tend à devenir la règle
Il fut un temps où
tous les républicains laïques et les démocrates
considéraient que le statut clérical d'exception d'Alsace
Moselle était une exception et que la République une,
indivisible et laïque était la règle. Aujourd'hui,
force est de constater que les gouvernements successifs se servent
de ce contre-modèle comme étant un exemple à
suivre.
Les accords Matignon
sur la Corse sont directement inspirés de celui-ci pour l'enseignement
du "corse". Après les accords Lang/Diwan sur "le
breton par immersion" (pourtant refusé par le Conseil
d'Etat), certains réclament à leur tour "le catholicisme
par immersion". En 1996, le nonce apostolique romain à
Paris (le représentant diplomatique du Vatican) ne réclamait-il
pas "l'extension du statut d'Alsace Moselle à l'ensemble
des régions françaises à forte densité
spirituelle".
Le député
socialiste René Dosière, dans son avis parlementaire
explique à son tour : " Le régime concordataire
est vécu non pas comme une survivance archaïque, mais
au contraire comme une façon différente de penser
la laïcité au sein de la République".
Depuis 1990, ce sont
près de trente nouveaux concordats qui ont été
signés entre le Vatican et différents Etats, notamment
en Europe. Pourquoi, cette frénésie ? Parce que le
Traité d'Amsterdam de 1997 a adopté une déclaration
qui sera intégrée dans l'Acte Unique après
ratification définitive des Etats membres.
Celle-ci stipule : "
L'Union respectera et ne préjuge pas le statut dont bénéficient,
en vertu du droit national, les Eglises et les associations ou communautés
religieuses dans les Etats membres". En clair, dès la
ratification définitive du Traité, notamment par les
Etats de l'Est de l'Europe qui demandent à être membres,
les relations nationales Eglises/Etats seront intégrées
telles quelles dans le droit communautaire. Et plus personne n'aura
le droit de les remettre en cause, car le droit communautaire est
supérieur au droit national. Voilà à quoi notamment
sert l'Union européenne : à protéger les concordats
!
Vous êtes candidat(e)s,
vous devez vous prononcer !
Nous vous demandons donc
de vous prononcer clairement et sans équivoque pour connaître
votre sentiment sur l'abrogation ou le maintien du statut d'exception
clérical d'Alsace Moselle. Bien entendu, conformément
à la tradition républicaine, nous rendrons publique
votre réponse.
Recevez l'expression
de notre profond attachement à la laïcité de
l'Ecole et de l'Etat.
Adopté à
l'unanimité par le Colloque de Strasbourg du 8 décembre
2001
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Je m'associe à cette lettre ouverte aux candidats à
la Présidence de la République :
Nom : Prénom :
Adresse :
Association : Responsabilités
:
Je verse : ……….Fr
pour soutenir la diffusion de cette lettre ouverte .
(Chèque à l'ordre de "Libre Pensée –
Lettre aux candidats".
A retourner à : Libre Pensée – Colloque de Strasbourg
– 10/12 rue des Fossés-St-Jacques –
75005 Paris
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