Au colloque
du Groupe Marianne de la L.P. sur la Charte Européenne,
je m'interrogeais sur les raisons particulières, qui pouvaient
conduire un militant syndicaliste à prendre position contre
la charte Européenne des langues régionales et minoritaires.
Réflexion grandement facilité -il est vrai- par mes convictions
de citoyen ardemment attaché à la REPUBLIQUE.
Alors comme syndicaliste quelles raisons ?
En premier lieu, l'expérience quotidienne que tirent les militants de
leur action sur le terrain : les mauvais coups contre les salariés sont
rarement précédés de roulements de tambours.
La méthode la plus répandue, la plus redoutable consiste à agir
par répétition de coups bas. Ceux qui se distribuent sans qu'on
y prenne immédiatement garde et qui de reculs insignifiants en reculs
imperceptibles, débouchent sur la régression sociale.
Au nom de l'innovation et du modernisme, les vieilles lunes réactionnaires
n'ont jamais généré autre chose que le mode d'emploi pour
combattre le progrès.
N'est-ce pas pour ne citer qu'un exemple au nom « des droits nouveaux
des salariés » que les « Lois Auroux » ont offert
aux patrons les moyens légaux de s'affranchir du Code du Travail et
d'instaurer la flexibilité qui débouche désormais sur
la précarité de l'emploi.
La liste est longue des reculs enregistrés en matière de garanties
collectives au point d'en tirer un amer et redoutable constat : pour la première
fois depuis 1945, une génération -la mienne- ne sera pas à même
de transmettre à ses propres enfants le même niveau de garanties
collectives que mes parents nous avaient apporté, sécurité sociale,
retraite, conventions collectives, statuts. la liste est longue.
Et ce fait historique qui marque une rupture dans l'évolution continues
du progrès social, doit nous conduire à mesurer pleinement la
réalité de la situation.
C'est la première raison de mon engagement contre la charte qui insidieusement
risque de miner l'unité de la République.
Ne soyons pas naïfs camarades, personne, ouvertement n'osera s'en prendre à la
REPUBLIQUE
Soyez « rassurés » camarades ils ne jurent tous que par
elle. et pourtant : 95 ans après la loi de séparation des Eglises
et de l'Etat, il vous faut encore vous battre pour exiger son respect, et pourtant
: chaque année encore, des coups sont portés contre l'Ecole de
la République, et il nous faut sans cesse combattre pour défendre
la laïcité.
. Et pourtant avec l'adoption de la charte Européenne des langues régionales,
ils s'apprêtent à porter un coup fatal à l'unité même
de la République.
Chacun sait
ici que cette CHARTE est bien autre chose qu'une initiative visant à préserver
un patrimoine culturel.
Ce qu'elle
préconise constitue une sérieuse brèche
dans la plus sérieuse garantie de l'unité républicaine
: une même langue enseignée et parlée par toutes,
par tous.
Comme militant
syndicaliste, c'est la deuxième bonne raison
de m'opposer à la charte.
Une même langue pour tous les salariés, quelle que
soit leur région ou leur communauté, c'est la seule
manière pour les salariés de connaître leurs
droits et de les faire valoir !
Au nom de
leur spécificité régionale, certaines
collectivités territoriales imposent désormais des
critères régionaux.
Ainsi
le Conseil Régional de Bretagne impose-t-il pour les participants à certains
des stages qu'il finance, que les participants soient nés
en Bretagne ou qu'ils y résident depuis 2 ans ! . A quand
l'exigence du certificat de baptême des parents, grands-parents. jusqu'à cinquième
génération ?
M. Josselin
de ROHAN Président du ci-devant conseil de la
région Bretagne n'est certainement pas xénophobe. Il
n'en a pas moins inventé -le plus simplement du monde- une
nouvelle « préférence régionale » qui
en rappelle d'autres de triste mémoire !
Une discrimination
positive qui augure très certainement
de l'ère nouvelle de l'Europe des régions. Il y a quelques
années déjà, au nom de la défense de
l'emploi, d'aucuns vantaient les mérites : « de vivre
et travailler au pays ».
Aujourd'hui,
ces drôles d'appellations contrôlées
que sont « les pays » et les bassins d'emplois reviennent
en force avec leur cortège de certitudes d'illusions et de
nouvelles féodalités.
Il ne fait
guère de doute que demain -langues régionales à l'appui-
chacun d'eux voudra organiser à sa guise le recrutement selon
ses propres règles pour ses propres ressortissants !
Inacceptable !
Comme sont inacceptables les ferments de division qu'introduit la
CHARTE
Contre la REPUBLIQUE
Contre son unité
Au profit
de nouvelles féodalités régionalistes
qui s'installent sous la bannière étoilée
de l'Europe du communautarisme.
Camarades,
Ne soyons
pas naïfs
ne soyons pas passifs !
La riposte d'aujourd'hui appelle d'autres initiatives
Camarades,
Je prends devant vous l'engagement de poursuivre ce combat, pour
:
La Liberté, l'Egalité, la Fraternité, la Laïcité.
VIVE LA REPUBLIQUE !
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