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DISCOURS DE CLAUDE JENET (Syndicaliste)

Au colloque du Groupe Marianne de la L.P. sur la Charte Européenne, je m'interrogeais sur les raisons particulières, qui pouvaient conduire un militant syndicaliste à prendre position contre la charte Européenne des langues régionales et minoritaires.
Réflexion grandement facilité -il est vrai- par mes convictions de citoyen ardemment attaché à la REPUBLIQUE.
Alors comme syndicaliste quelles raisons ?
En premier lieu, l'expérience quotidienne que tirent les militants de leur action sur le terrain : les mauvais coups contre les salariés sont rarement précédés de roulements de tambours.
La méthode la plus répandue, la plus redoutable consiste à agir par répétition de coups bas. Ceux qui se distribuent sans qu'on y prenne immédiatement garde et qui de reculs insignifiants en reculs imperceptibles, débouchent sur la régression sociale.
Au nom de l'innovation et du modernisme, les vieilles lunes réactionnaires n'ont jamais généré autre chose que le mode d'emploi pour combattre le progrès.
N'est-ce pas pour ne citer qu'un exemple au nom « des droits nouveaux des salariés » que les « Lois Auroux » ont offert aux patrons les moyens légaux de s'affranchir du Code du Travail et d'instaurer la flexibilité qui débouche désormais sur la précarité de l'emploi.
La liste est longue des reculs enregistrés en matière de garanties collectives au point d'en tirer un amer et redoutable constat : pour la première fois depuis 1945, une génération -la mienne- ne sera pas à même de transmettre à ses propres enfants le même niveau de garanties collectives que mes parents nous avaient apporté, sécurité sociale, retraite, conventions collectives, statuts. la liste est longue.
Et ce fait historique qui marque une rupture dans l'évolution continues du progrès social, doit nous conduire à mesurer pleinement la réalité de la situation.
C'est la première raison de mon engagement contre la charte qui insidieusement risque de miner l'unité de la République.
Ne soyons pas naïfs camarades, personne, ouvertement n'osera s'en prendre à la REPUBLIQUE
Soyez « rassurés » camarades ils ne jurent tous que par elle. et pourtant : 95 ans après la loi de séparation des Eglises et de l'Etat, il vous faut encore vous battre pour exiger son respect, et pourtant : chaque année encore, des coups sont portés contre l'Ecole de la République, et il nous faut sans cesse combattre pour défendre la laïcité.
. Et pourtant avec l'adoption de la charte Européenne des langues régionales, ils s'apprêtent à porter un coup fatal à l'unité même de la République.

Chacun sait ici que cette CHARTE est bien autre chose qu'une initiative visant à préserver un patrimoine culturel.

Ce qu'elle préconise constitue une sérieuse brèche dans la plus sérieuse garantie de l'unité républicaine : une même langue enseignée et parlée par toutes, par tous.

Comme militant syndicaliste, c'est la deuxième bonne raison de m'opposer à la charte.

Une même langue pour tous les salariés, quelle que soit leur région ou leur communauté, c'est la seule manière pour les salariés de connaître leurs droits et de les faire valoir !

Au nom de leur spécificité régionale, certaines collectivités territoriales imposent désormais des critères régionaux.

Ainsi le Conseil Régional de Bretagne impose-t-il pour les participants à certains des stages qu'il finance, que les participants soient nés en Bretagne ou qu'ils y résident depuis 2 ans ! . A quand l'exigence du certificat de baptême des parents, grands-parents. jusqu'à cinquième génération ?

M. Josselin de ROHAN Président du ci-devant conseil de la région Bretagne n'est certainement pas xénophobe. Il n'en a pas moins inventé -le plus simplement du monde- une nouvelle « préférence régionale » qui en rappelle d'autres de triste mémoire !

Une discrimination positive qui augure très certainement de l'ère nouvelle de l'Europe des régions. Il y a quelques années déjà, au nom de la défense de l'emploi, d'aucuns vantaient les mérites : « de vivre et travailler au pays ».

Aujourd'hui, ces drôles d'appellations contrôlées que sont « les pays » et les bassins d'emplois reviennent en force avec leur cortège de certitudes d'illusions et de nouvelles féodalités.

Il ne fait guère de doute que demain -langues régionales à l'appui- chacun d'eux voudra organiser à sa guise le recrutement selon ses propres règles pour ses propres ressortissants !

Inacceptable !

Comme sont inacceptables les ferments de division qu'introduit la CHARTE
Contre la REPUBLIQUE
Contre son unité

Au profit de nouvelles féodalités régionalistes qui s'installent sous la bannière étoilée de l'Europe du communautarisme.

Camarades,

Ne soyons pas naïfs ne soyons pas passifs !
La riposte d'aujourd'hui appelle d'autres initiatives

Camarades,

Je prends devant vous l'engagement de poursuivre ce combat, pour :

La Liberté, l'Egalité, la Fraternité, la Laïcité.

VIVE LA REPUBLIQUE !


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