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DISCOURS DE CHRISTIAN EYSCHEN A L'ISSUE DE LA MANIFESTATION DU 11 DECEMBRE 1999
De la Nation à la République

Amis, Citoyens, Camarades,
 

Au nom de la Fédération Nationale de la Libre Pensée, je tiens à remercier toutes les associations qui ont appelé à cette manifestation. Associations nationales, départementales, locales, elles ont toutes apportées leurs pierres à l'édifice commun de la défense de l'unité de la République. 

Mille remerciements au Comité-Laïcité-République, à Europe Laïque, à l'Union des Athées, au CAEDEL, à Laïcité et République, aux divers syndicats et en particulier aux nombreuses Unions Départementales, Fédérations et syndicats de la CGT-Force Ouvrière qui de province et de la Région Parisienne ont apporté leur aide  à la réalisation de cette manifestation.

Merci à vous tous, militants et responsables d'associations laïques, rationalistes, et humanistes qui avaient permis, avec les libres penseurs, que nous soyons des milliers à Paris aujourd'hui.

Merci à vous tous, conseillers municipaux, maires, conseillers généraux, conseillers régionaux, députés et sénateurs qui vous êtes, au nom de la démocratie, mobilisés pour défendre l'unité de la République et l'égalité des citoyens et qui avaient incarné cette affirmation de la Commune de Paris " l'autonomie de chaque commune affirme la République dans sa  plus haute expression".

En effet, par votre présence, vous avez signifié qu'aujourd'hui, c'est tout le pays qui se dresse pour défendre son héritage révolutionnaire et républicain Ni en 1789, ni en 1871, encore moins aujourd'hui, il ne s'agit d'un faux conflit entre Paris et la province.

Il s'agit ici et maintenant de défendre un principe : l'égalité des citoyens devant la loi. Ni les quartiers de noblesse, ni les quartiers de province ne doivent conférer un droit supérieur aux autres citoyens. Le droit du sang ne doit jamais être supérieur au droit du sol. Sinon, c'est la xénophobie institutionnalisée et ce, qu'elle s'appelle préférence nationale ou préférence régionale.

Toute préférence est une discrimination.  Toute préférence est une exclusion. Quand on refuse un droit à quelqu'un au nom de principes régionalistes, ethniques ou religieux, on crée un apartheid, on fonde une discrimination, on établit l'inégalité comme une règle.

La France ne doit pas devenir l'Afrique-du-Sud d'avant-hier, le Liban d'hier, la Yougoslavie d'aujourd'hui, et l'Europe de demain.

Cette régression serait la négation de ce qu'ont fait nos glorieux aînés en imposant, le 4 août 1789, la fin des privilèges. Oui, ce dont il s 'agit aujourd'hui, c'est bien d'aller vers le progrès ou de retourner à la barbarie des temps anciens, d'aller vers la lumière ou de replonger dans les ténèbres de l'obscurantisme, de la réaction et des tribus érigés en principes institutionnels.

Le problème de la Charte européenne n'est ni un problème franco-français, ni un problème européen. C'est un problème mondial. Les plus hautes autorités internationales économiques, financières, culturelles qui s'appellent le FMI, l'ONU, l'Union européenne, se penchent sur notre sort et ont décidé de diviser l'Humanité pour en faire un bétail servile et obéissant, à la botte de leurs intérêts. Il leur faut toujours diviser pour régner.

Ainsi, l'UNESCO a décidé d'un projet, inspiré par la Bible,  au nom évocateur de "projet Babel" pour favoriser la propagation de 685 langues recensées dans le monde.  L'Ancien testament nous dit qu'avant la Tour de Babel, il n'y avait qu'un seul peuple et qu'une seule langue, et que Dieu a créé le multilinguisme pour assurer sa domination sur les humains. Depuis, il y a la guerre.

Le Code civil traduit en basque, le Code pénal en breton, le Code de la Sécurité Sociale en patois picard, le Code général des impôts en occitan, dites-moi, camarades quelle utilité cela aura-t-il ? Cela favorisera-t-il l'égalité des citoyens devant la loi, devant les lois ? Pour comprendre, il faut d'abord se comprendre. Que se passera-t-il demain si on ne parle plus la même langue ? Nous ne pouvons accepter une telle régression.

Le gouvernement a signé la Charte européenne. Le gouvernement veut ratifier la Charte. Le Gouvernement exige une réforme constitutionnelle pour reconnaître, pour la première fois, dans notre histoire depuis 1789, le communautarisme dans notre pays.

Il faut arrêter ce bras qui assassine la République, il faut stopper cette main qui étrangle la démocratie, il faut empêcher ce coup contre l'Ecole laïque. Mais, fort heureusement, ce combat pour sauver la République, la Démocratie et la Laïcité ne date pas d'hier.

Le 19 juin 1960,  ils étaient déjà des milliers, représentants l'aspiration de millions de citoyens attachés à la République laïque, à se rassembler pour défendre nos idéaux. Ils prêtèrent alors le serment de Vincennes toujours d'actualité, malgré les reniements des uns et des autres.

Dans le droit fil de la tradition démocratique, républicaine et laïque, la Fédération Nationale de la Libre Pensée vous soumet aujourd'hui le Serment de la République :

    "Nous faisons le serment solennel de manifester en toutes circonstances et en tous lieux notre irréductible opposition à la signature de la Charte européenne des langues régionales,  contraire à l'évolution historique de la nation. De lutter sans trêve et sans défaillance jusqu'à son retrait et d'obtenir que l'effort de la République soit uniquement réservé à assurer l'égalité réelle des citoyens."
Aujourd'hui est une étape, nous n'avons pas dit notre dernier mot. Cette manifestation est le premier geste du pays républicain qui se rassemble. Il est loin d'être le dernier. Je soumets ce serment à votre approbation que je vous demande d'adopter par acclamation.

Parce que l'égalité, c'est la liberté. Et que la véritable fraternité, c'est la fin de toutes les oppressions :

Ni dieu, ni maître !
A bas la Calotte !

Et vive la Sociale !


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