Le conseil des évêques
de France déclare officiellement ne pas vouloir remettre en cause la
loi de séparation de 1905, ce qui n'empêche pas Jean Paul II de lui
adresser une petite lettre valant ordre du jour, et rappelant ce que le
Vatican entend par laïcité : la liberté totale donnée aux religions, et
d'abord à la sienne d'appliquer ses propres lois, d'intervenir dans la
vie publique et d'imposer aux autres ses propres conceptions (voir le
numéro précédent de la Raison).
En prévision de l'application de
l'article 52 qui bloquera sine die les rapports Église-État en Europe,
et rendra en principe impossible toute volonté populaire de s'émanciper
du poids des Églises dans la vie civile, le prétendu saint-siège
continue par ailleurs son offensive diplomatique pour signer, partout
où cela est possible des concordats lui conférant des pouvoirs
exorbitants.
Les deux derniers en date sont ceux en
préparation en République Slovaque et dans le Land de Hambourg
(Allemagne)
Slovaquie
Il s'agit d'un projet datant de 2004 et
qui vient en complément du traité concordataire déjà signé en 2000
(voir article réalisé à cette époque dans
la Raison). Le complément au traité porte sur l'objection de
conscience. Sur cette base (article 3, point 2) « Chacun peut
refuser d'agir d'une façon que sa conscience juge contraire à
l'enseignement de la foi et de la morale. » Il est en outre
précisé que le sens du « verbe « agir » inclut la
participation à l'acte, et toute action, en relation avec cet acte, y
compris l'assistance. » (article 3 point 3).
Quelles activités sont concernées par ce
principe apparemment positif ? : « L'accomplissement du service
militaire, les activités de santé, en particulier en ce qui concerne
l'avortement, la procréation artificielle ou assistée,
l'expérimentation avec des organes humains et avec le prélèvement
d'organe, des embryons humains et des cellules sexuelles, l'euthanasie,
le clonage, la stérilisation et la contraception, l'activité éducative
[en ce qu'elle remet en cause la foi catholique], la prise de décision
judiciaire et la prestation de services légaux » (article 4)
Même si un article prévoit que
« l'abus de l'objection de conscience n'empêche pas la
responsabilité légale (...) et ne doit pas mettre en danger la vie
humaine. » (art.6), on voit bien le rôle général de cet avenant :
revenir sur les droits fondamentaux des citoyens, - et le principal
d'entre eux le droit à l'égalité de traitement devant la loi -, donner
aux catholiques des droits privilégiés, instaurer la légalisation de la
désobéissance civile pour une catégorie spécifique de citoyens,
interdire le droit à l'avortement et à la contraception ou en tous les
cas le limiter fortement.
Inutile de dire que ce traité est en
complète contradiction avec l'article 1 de la Constitution de la
Slovaquie « État démocratique, de droit [qui] n'est lié à aucune
idéologie ni à aucune religion. »
On
peut adresser un courrier de protestation au gouvernement slovaque :
Monsieur le Premier Ministre, Office du Gouvernement de la République
slovaque Nemestie slobody 12 - 813 70 Bratislava, République slovaque ,
ou à l'ambassade de Slovaquie à Paris :
Ambassade de Slovaquie.
125, rue du Ranelagh
75016 Paris.
Téléphone : 0144 14 56 00 - Fax : 01 42 88 76 53 .
Ne pas oublier de faire une copie à adresser à nos amis de la société
Prometheus : Prometheus Society Stefanikova 4 - 811 05 Bratislava
- Slovak republic.
Evidemment, il serait souhaitable de faire également une copie pour la
fédération nationale.
|
Hambourg
Le 22 février 2005, les deux principales
Églises allemandes : catholique et luthérienne, ont entamé des
négociations pour signer un concordat avec le Land de Hambourg. Le
processus devrait aboutir courant avril car il s'agit de pourparlers
tripartites entre le gouvernement de Hambourg, l'Église luthérienne à
Kiel et le Vatican à Rome.
Ainsi Hambourg serait le dernier État
allemand à établir un concordat. Quand ce sera chose faite, le pays
tout entier sera lié au Vatican, non seulement au plan national avec le
Concordat signé avec Hitler (et toujours en vigueur), mais également
sur le plan des Länder (le précédent traité avait été signé dans le
Land de Brandebourg, qui entoure Berlin, et qui appartenait à
l'ancienne RDA, cf. articles dans la Raison).
Contrairement à ce qui se passe en
Slovaquie, les contractants refusent de faire état des termes des
traités en négociation.
Les libres penseurs allemands font
également appel à l'aide internationale. Voici le projet de lettre
qu'ils nous proposent d'adresser au maire de Hambourg (Hambourg, comme
Berlin, est un État-ville) Friedrich von Beust (on peut évidemment
l'amender et le compléter) :
« Cher Monsieur von Beust,
Depuis une centaine d'années, votre État
et notre pays avons suivi le même chemin et signé des traités pour
séparer l'Église de l'Etat. A Hambourg, comme en France, il a été
reconnu que « l'égalité des citoyens sans considération de rang,
de race et de religion », nécessitait la séparation de l'Église et
de l'Etat. C'est donc avec inquiétude que nous apprenons les
négociations dans votre République des citoyens de Hambourg, avec les
confessions protestante et catholique, en vue de s'accorder un traité
entre l'Église et l'État.
Veuillez agréer, Monsieur ....... »
17-03-2005 - Claude Singer
|